Abstract
Les élections mettent en jeu plusieurs types de représentations publiques de l’ordre, que ce soit durant les campagnes ou au fil des processus bureaucratiques entourant la tenue des scrutins. Cet article s’intéresse à un élément clé de l’élection, à savoir la culture matérielle du bureau de vote et les processus qui lui sont associés. Il en dissèque les pratiques, leurs continuités et transformations dans trois pays de l’Afrique postcoloniale : le Ghana, le Kenya et l’Ouganda. L’article défend l’idée selon laquelle ce sont la concentration en un même lieu et la combinaison technique entre des éléments et des processus multiples qui ont façonné ce lieu – idéellement et non toujours dans la réalité – comme dispositif bureaucratique ; celui-là même qui contribue à la mise en scène d’une relation particulière entre l’État et l’individu citoyen. Le bureau de vote participe ainsi de la création de l’État en tant qu’entité distincte de la société, comme sphère de l’ordre, et ce bien qu’il fasse aussi de l’électeur le sujet de cet ordre. Pour autant, s’il est conçu de façon à produire une citoyenneté idéale et non médiée, la pratique et l’expérience viennent souvent la subvertir, suggérant ainsi que l’État s’encastre en fait profondément dans la société. Si le bureau de vote demeure une influente salle de classe, les leçons qu’il enseigne restent donc quant à elles incohérentes et contestées.
Translated title of the contribution | The voting machine:: material culture of polling stations in Ghana, Kenya and Uganda |
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Original language | French |
Title of host publication | Politique Africaine: |
Subtitle of host publication | Matérialités du vote |
Editors | Sandrine Perrot , Marie-Emmanuelle Pommerolle, Justin Willis |
Publisher | Karthala |
Pages | 27-50 |
Number of pages | 23 |
Volume | 144 |
ISBN (Print) | 9782811117979 |
Publication status | Published - 22 Feb 2017 |